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Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 21 bis.djvu/378

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étoit le chef, et avec lui ceux qu’elle pourroit des principaux d’entre eux. Elle communiqua son dessein au maréchal de Thémines, sur lequel elle jeta les yeux à cause de sa fidélité et de son courage, pour l’assister en l’exécution d’icelui.

Il n’eut pas plutôt connoissance de son dessein qu’il s’y porta fort franchement. Sa Majesté le choisit parce que plusieurs fois le feu Roi son seigneur, qui prenoit plaisir à l’instruire des diverses humeurs des seigneurs de son royaume, lui avoit dit qu’il étoit homme à ne reconnoitre jamais que le caractère de la royauté ; ce qu’il témoigna bien en cette occasion, qui devoit sembler fort périlleuse, non-seulement à cause de la qualité de M. le prince, mais principalement à raison du grand nombre de princes et de seigneurs qui étoient de son parti. Mais, s’il servit bien, aussi crut-il bien l’avoir fait ; car depuis il ne put être content, quelques récompenses qu’il eût reçues de la Reine. Elle le fit maréchal de France, lui donna comptant cent et tant de mille écus, fit son fils aîné capitaine de ses gardes, donna à Lauzières, son second fils, la charge de premier écuyer de Monsieur, et avec tout cela il crioit et se plaignoit encore : tant les hommes vendent cher le peu de bien qui est en eux, et font peu d’estime des bienfaits qu’ils reçoivent de leurs maîtres.

Barbin, qui étoit et celui qui avoit le plus animé la Reine à ce conseil, et le principal conducteur de cette affaire, lui demanda de la part de la Reine combien de gens il avoit dont il se pût assurer en un effet si important. Il lui dit qu’il avoit ses deux fils et sept ou huit gentilshommes des siens, du courage et de la fidélité