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Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 21 bis.djvu/380

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ne fasse plusieurs choses qui donnent à penser et à soupçonner, bien qu’on ne découvre pas précisément à beaucoup de personnes ce qu’on a à faire, néanmoins on ne peut que l’on ne soit contraint de leur faire des commandemens, et dire des choses dont ils infèrent la fin à laquelle on tend. D’Elbène, qui, outre son ordinaire, étoit vu depuis quelques jours assidument au Louvre avec quelques-uns de ses compagnons ; la compagnie de gendarmes de la Reine, qui étoit retournée à Louvres en Parisis de l’armée de Péronne où elle étoit ; un nouveau serment de fidélité que la Reine avoit fait prendre des sieurs de Créqui, de Bassompierre, de Saint-Geran, de La Curée, et des autres principaux, qu’on appeloit les dix-sept seigneurs, et plusieurs autres conjectures, donnèrent, une telle lumière aux plus clairvoyans, que l’après-dînée de ce jour, que la Reine avoit fait différer d’Elbène vint dire à Barbin qu’il ne savoit pas ce qu’il vouloit faire, mais que Lignier, son beau-fils, lieutenant de la compagnie des chevau-légers de M. de Mayenne, lui étoit venu dire de sa part qu’il le tenoit pour homme de bien, et qu’il le prioit de ne rien faire mal à propos.

Le duc de Mayenne étant allé voir M. de Bouillon, qui, quelques jours auparavant, avoit gardé le logis, soit qu’il s’y trouvât mal, ou qu’il s’y estimât plus assuré, ils résolurent ensemble que ledit duc de Mayenne prieroit M. le prince de ne point aller au conseil le lendemain. Mais sa prière fut en vain, pour ce qu’il lui sembloit qu’on n’eût osé entreprendre contre lui une telle chose, et croyoit assurément que s’il y avoit quelque entreprise, c’étoit plutôt contre