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Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 21 bis.djvu/421

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Son ambassadeur représente qu’il est raisonnable de lui faire reconnoître qu’il doit quelque déférence aux deux couronnes, et qu’il ne va pas avec elles du pair ; qu’il est prêt de lui accorder toutes les conditions qu’il plaira au Roi, pourvu qu’il paroisse que ce qu’il en fait est en considération de Sa Majesté, non qu’il y ait été contraint par l’audace dudit duc ; et partant qu’il désiroit que Sa Majesté envoyât à Madrid un ambassadeur extraordinaire, lequel y recevroit incontinent entière satisfaction.

Leurs Majestés ne trouvèrent pas cette proposition déraisonnable, et jetèrent les yeux sur moi pour m’y envoyer. J’étois prêt à partir pour faire ce voyage, j’avois fait provision de beaucoup de gentillesses qui se trouvent en France, pour donner, et mon équipage étoit déjà emballé, lorsqu’il plut au Roi m’appeler en la charge de secrétaire d’État qu’avoit M. Mangot.

Le comte de La Rochefoucauld fut destiné pour aller en ma place ; mais les galanteries de la cour, qui possèdent l’esprit de ces messieurs, l’empêchant de partir au temps que la Reine désiroit, d’autant qu’il étoit engagé dans un ballet qu’il voulut danser, l’empêchèrent de partir du tout ; car les brouilleries de ces princes s’échauffèrent contre le Roi, et nos propres affaires nous firent perdre pour lors la pensée de celles d’autrui.

En cette année mourut le premier président de Harlay, qui, étant né d’une maison qui est la première des quatre anciennes baronnies de la Franche-Comté, ne fut pas moins illustre par sa vertu, pour laquelle il fut premièrement choisi par Henri iii pour