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Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 21 bis.djvu/422

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aller présider aux grands jours de Poitiers, puis fut par lui-même honoré de la charge de premier président en sa cour de parlement de Paris, en laquelle il vécut de sorte que son nom y est encore en vénération. Il étoit si grave, que par son seul regard il retenoit chacun en son devoir. Lorsqu’une cause lui étoit recommandée par une personne puissante, il l’examinoit plus soigneusement, craignant qu’elle fût mauvaise puisqu’on y apportoit tant de précaution ; et dès qu’en une visite de civilité on lui parloit d’une affaire, il reprenoit son visage austère, et ne retournoit plus à parler familièrement. M. de Guise l’étant venu voir le jour des Barricades pour s’excuser de ce qui se passoit, il lui dit franchement qu’il ne savoit ce qui en étoit, mais qu’il étoit bien difficile qu’on en crût rien à son avantage, et que c’étoit une chose déplorable que le valet chassât le maître de sa maison. Quand Le Clerc, durant la confusion de la ligue, le mena avec le reste de la cour dans la Bastille, les uns et les autres faisant diverses plaintes, il ne proféra jamais une parole, mais s’en alla dans la prison avec la même gravité avec laquelle il avoit accoutumé d’aller au parlement, portant les menaces sur le front, et une courageuse fierté en la tristesse de son visage, qui le rendoit immobile contre le mépris et les injures de ces mutins.

Entre plusieurs exemples de son intégrité et de son courage inflexible en la justice, celui-là est remarquable, que le Roi ayant envoyé vérifier au parlement un édit qui ne lui sembloit pas juste, il s’y opposa de tout son pouvoir, et le Roi lui reprochant un don qu’il lui venoit de faire d’une grande place dans l’île