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Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 21 bis.djvu/449

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Caen à Paris et de Paris à Caen, ce qui avança sa mort, comme nous verrons bientôt.

La dernière fois qu’il revint de Caen, ce fut sur une lettre que la Reine lui avoit écrite, par laquelle elle lui défendoit de poursuivre davantage M. de Montbazon, dont il tenoit une terre en criée pour le paiement de quelques armes qu’il lui avoit laissées dans la citadelle d’Amiens, lesquelles il lui avoit vendues pour le prix de 50,000 écus, sous la promesse dudit duc de les faire payer par le Roi. Il vint de Caen, jetant feu et flamme contre Barbin, qu’il croyoit être cause que la Reine lui avoit écrit cette lettre, et en résolution d’exécuter promptement ce qu’il avoit projeté contre lui, Mangot et moi, auquel il écrivit, arrivant à Paris, en termes si étranges, que j’ai cru en devoir rapporter ici une partie. La lettre commençoit en ces mots :

« Par Dieu, Monsieur, je me plains de vous, vous me traitez trop mal ; vous traitez la paix sans moi ; vous avez fait que la Reine m’a écrit que, pour l’amour d’elle, je laisse la poursuite que j’ai commencée contre M. de Montbazon pour me faire payer de ce qu’il me doit. Que tous les diables ; la Reine et vous pensez-vous que je fasse ? La rage me mange jusqu’aux os. » Tout le reste étoit du même style.

Il nous fit néanmoins, durant le peu de temps qu’il demeura à Paris, si bon visage devant le monde, et dissimuloit tellement, que jamais personne n’eût cru qu’il eût été refroidi vers nous. Mais sa trop bonne chère ne me trompa point, car je fus averti qu’il avoit quasi persuadé l’esprit de la Reine contre nous,