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Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 21 bis.djvu/450

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et fus d’avis de demander pour la dernière fois mon congé, et, si la Reine ne me le vouloit donner, de le prendre moi-même. Barbin me vint aussi prier de demander congé pour lui, craignant, ce disoit-il, de n’avoir pas assez de courage de le prendre de lui-même si la Reine le pressoit de demeurer.

M. Mangot étoit aussi assuré qu’on lui en vouloit, et savoit bien que le bruit commun étoit qu’on destinoit Barentin en sa place, et il le croyoit véritable, d’autant que l’ayant voulu envoyer en commission, la maréchale l’avoit prié de le laisser à Paris parce qu’on y avoit affaire de lui ; mais la considération de ses enfans et de sa famille l’empêcha de prendre la même résolution, et le fit résoudre d’attendre ce que le temps apporteroit.

J’allai au Louvre, je parlai à la Reine, lui fis instance de permettre à Barbin et à moi de nous retirer. La Reine me répondit qu’il étoit vrai qu’elle avoit quelque chose en l’esprit qu’on lui avoit dit contre nous, qu’elle me promettoit et juroit de me le dire dans huit jours, et me prioit que nous eussions patience jusque-là. Cela m’arrêta, et m’empêcha d’aller parler au Roi que ces huit jours ne fussent expirés, avant lesquels le maréchal fut tué.

En cette poursuite si envenimée du maréchal contre les ministres, et aux moyens si injustes qu’il y employoit, se voit la malignité de son esprit, de laquelle il semble que la principale origine soit son ambition, à laquelle il n’avoit jamais pu prescrire de terme. El la Reine, ou lasse de ses actions qu’elle ne pouvoit plus défendre, ou craignant qu’il lui mésavînt, lui faisant instance de s’en aller en Italie,