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Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 21 bis.djvu/451

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comme déjà sa femme étoit résolue d’y aller, il n’y put jamais condescendre, disant à quelqu’un des siens qu’il vouloit expérimenter jusques où la fortune d’un homme peut aller. Il avoit quitté le gouvernement d’Amiens à la réquisition de tout le royaume ; il voyoit que les manifestes des princes et les plaintes du peuple étoient toutes fondées sur lui ; et, néanmoins, quelques-uns de la citadelle lui ayant, un mois avant sa mort, donné espérance qu’ils s’en pourroient saisir et la lui remettre entre les mains, il en fit incontinent le dessein, et en parla à Barbin, lequel lui remontra que cette action seroit la ruine entière des affaires du Roi et de la réputation de la Reine ; que cela seroit justifier les armes des princes, et imprimer dans l’esprit des peuples tout ce qu’ils vouloient, et même dans l’esprit du Roi. Mais, au lieu de prendre ses raisons en bonne part, il les reçut comme un témoignage de la mauvaise volonté de Barbin en son endroit, et continua à se vouloir précipiter en ce dessein ; dont la Reine étant avertie par Barbin, elle envoya querir le duc de Montbazon, et lui commanda d’aller veiller à la garde de sa place, sur laquelle elle avoit avis qu’il y avoit des entreprises. Ce seul moyen fut suffisant de l’arrêter, pour ce qu’il opposa l’impossibilité à son désir.

Le maréchal, étant tel en son humeur et en sa conduite, donna de grands sujets de prise contre lui. Luynes, qui étoit auprès du Roi, et qui étoit ennemi, non de sa personne, de laquelle il avoit reçu assistance, mais de sa fortune, lui portoit une haine d’envie, qui est la plus maligne et la plus cruelle de toutes, et observoit toutes ses actions pour les tour-