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Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 21 bis.djvu/475

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les autres, et vouloit traiter avec le Roi, ayant toujours eu des fantaisies qui l’ont fait aller dans les affaires par un chemin particulier à lui seul ; mais néanmoins, voyant qu’on ne se vouloit pas relâcher jusque-là, il se rendit en son devoir, et vint avec M. du Maine et le duc de Vendôme trouver Sa Majesté le jour de l’Ascension.

Mais ces messieurs s’aperçurent bientôt de leur faute, et s’en repentirent ; M. de Villeroy ayant témoigné plusieurs fois que, s’ils eussent suivi la pointe de ceux qui servoient sous l’autorité de la Reine contre les princes, ils eussent établi la paix en ce royaume pour cent ans ; que nous avions été bien hardis de faire une telle entreprise, et eux peu sages de ne la continuer pas. Et en effet, le changement dont ils usèrent, passant du blanc au noir, n’eut autre fondement que la pratique ordinaire que ceux qui changent un établissement ont de prendre le contre-pied de ceux en la place desquels ils se mettent, aimant mieux faire une faute signalée pour donner à penser que les résolutions contraires que l’on avoit prises étoient défectueuses, qu’en continuant ce qui avoit été fait, faire connoître qu’on avoit bien fait.

Cependant Luynes ayant résolu qu’il falloit éloigner la Reine, ils confirmèrent tous le Roi en cette résolution ; et, bien qu’entre eux ils fussent de divers avis sur le lieu où ils estimeroient qu’elle devoit être envoyée, ils convinrent enfin que, pour l’heure, elle n’iroit qu’à Blois. La Reine l’ayant songé quelques jours auparavant sa chute, et dit à ses chirurgiens et médecins, ce songe l’y fit résoudre plus facilement lorsqu’ils lui firent savoir leur dessein, et croire que