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Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 21 bis.djvu/474

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Je fus le seul auquel Luynes eut quelque égard, car il m’offrit de demeurer au conseil avec tous mes appointemens ; mais, voyant le mauvais traitement qu’on commençoit à faire à la Reine, je ne le voulus jamais, et préférai l’honneur de la suivre en son affliction à toute la fortune qu’on me faisoit espérer.

Ces messieurs les nouveaux ministres, ou plutôt le sieur de Luynes, commencèrent leur gouvernement par prendre tout le contre-pied de ce que faisoient ceux qui avoient gouverné devant eux, et firent dessein de rappeler auprès du Roi tous ceux qu’ils croyoient être ennemis de la Reine. Ils envoyèrent querir Sauveterre jusques au fond de la Gascogne, espérant s’en servir comme d’un puissant instrument pour insinuer dans l’esprit du Roi ce qu’ils voudroient, bien que ce fût Luynes même qui, par ses artifices secrets, l’eût fait chasser. Mais cela n’importoit pas tant comme ce qu’ils mirent en la bonne grâce du Roi tous les princes qui avoient pris les armes contre lui et étoient à l’extrémité ; et dépêchèrent au nom du Roi, incontinent après la mort du maréchal, vers le duc de Longueville à Amiens, et celui de Vendôme qui étoit à La Fère, et à Soissons vers M. de Mayenne, pour les venir faire trouver Sa Majesté incontinent, les assurant qu’ils seroient très-bienvenus et reçus d’elle.

M. du Maine envoya le comte de La Suse, son beau-frère, porter les clefs de Soissons au Roi, qui le reçut le 27 d’avril comme s’il eût tenu son parti, et le comte d’Auvergne le parti contraire. Le même jour arriva le duc de Longueville, qui fut reçu de même. Le duc de Nevers fit un peu plus de cérémonie que