Aller au contenu

Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 21 bis.djvu/477

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

cun cuti crime, qu’on le contraignit par diverses menaces de s’en démettre contre les lois divines et humaines, contre tout droit ecclésiastique et civil.

Travail voyant ès mains d’autrui le salaire de son iniquité, que la part qu’il avoit eue dans le crime ne lui étoit pas conservée dans la dépouille, que Luynes avoit payé ses services d’un parjure, se résolut de passer jusqu’au mépris de la vie pour se rendre maître de la sienne. Il pensoit par cette dernière action couvrir la honte que la première lui avoit attirée ; il croyoit réparer par la mort de ce second tyran le tort qu’il avoit fait au public, offensant la mère du Roi, une vertu si éminente, et une puissance si légitime.

Pour parvenir à ce but il se propose de dissimuler son juste mécontentement, de lui donner des conseils sur la suite de son gouvernement, avec la même sincérité qu’il avoit fait au commencement de sa conspiration du temps du maréchal, où les moindres choses donnoient de l’ombrage, où les conversations les moins sérieuses étoient suspectes. Il avoit accoutumé de s’entretenir avec Luynes chez la concierge des Tuileries, et dans un lieu dérobé où eux seuls faisoient le nombre des espions et des traîtres ; il y reprend les mêmes assignations avec lui, y porte le même visage, mais un cœur fort différent ; lui donne, pour augmenter sa confiance, des avis importans à sa réputation et à l’établissement de sa fortune. Comme il vit son esprit assuré et hors de soupçon qu’il eût aucun sentiment de l’offense qu’il avoit reçue, il fait provision d’un cheval qu’il recouvre par l’entremise de Bréauté et de Montpinçon, achète une épee large