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Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 21 bis.djvu/478

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de quatre doigts et fort courte pour qu’il la pût aisément cacher sous sa soutane, résolu de lui ôter la vie au lieu même où la mort du maréchal avoit été conclue.

Son dessein étant en état d’être exécuté, afin que la Reine lui sût gré de ce service, il désira de lui faire entendre qu’il ne s’étoit porté à cette extrémité que pour la compassion de la misère où elle étoit réduite. Pour cet effet, il s’adresse et se découvre au sieur de Bressieux, premier écuyer de Sa Majesté, gentilhomme de bonne maison, et que souvent il avoit sondé et ouï plaindre son malheur.

Bressieux s’engage de faire valoir cette action, lui hausse le courage, lui promet une entière assistance ; mais, au lieu de lui tenir promesse, s’imaginant qu’il avoit en main une occasion de faire sa fortune, il en avertit le sieur de Luynes, qui lui en témoigna telle obligation, qu’il appréhendoit n’avoir pas assez de puissance pour reconnoître dignement cet office.

C’est le style des Provençaux d’être faciles à promettre et difficiles à tenir ; mais, sur les preuves que Luynes a données de son infidélité, on peut dire que sa personne l’a enchéri au-dessus de sa nation. Luynes consulte cette affaire avec Déageant et autres personnes intéressées en son établissement ; le résultat de la conférence fut de le faire mourir en changeant l’espèce de son crime.

À même temps il est pris et accusé d’avoir attenté sur la vie de la Reine, prétexte honorable pour se défaire d’un dangereux ennemi, pour apaiser le peuple irrité des inhumanités commises contre les vivans et les morts, et qui donnoit à connoître qu’on n’en vou-