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Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 21 bis.djvu/485

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Quatre jours auparavant on mena la maréchale d’Ancre du Louvre à la Bastille ; et peu de jours après qu’elle fut partie, on l’en tira, par arrêt du parlement, pour la conduire à la conciergerie du Palais, en vertu des lettres patentes du Roi adressées à la cour, pour lui faire son procès, à ses complices et à la mémoire de son mari. Quand elle entra dans la Bastille la nuit, ce fut avec tant de bruit que M. le prince s’en éveilla, et, sachant ce que c’étoit, sentit une grande consolation de la voir en ce lieu, et d’être délivré d’une telle ennemie. Mais quand elle fut tirée de là pour être exposée au jugement des hommes, il eut lieu de craindre le commencement si sanguinaire de ce nouveau gouvernement.

Le Roi fit, dès le 12 de mai, publier une déclaration par laquelle il étoit bien aisé de voir que les ministres qui donnoient ce conseil à Sa Majesté, le faisoient contre leur propre conscience, y ayant des choses qui se contrarioient en elle. Car, d’une part, elle avouoit la fidélité des princes, et disoit qu’ils n’avoient rien fait que pour le seul désir d’empêcher la ruine qui leur étoit procurée par les pernicieux desseins du maréchal d’Ancre, qui se servoit des armes de Sa Majesté contre son intention pour les opprimer ; et de l’autre, elle qualifioit leurs armes avoir été illicites, d’autant qu’ils n’y devoient pas avoir recours, mais à la justice de Sa Majesté.

Par ladite déclaration, Sa Majesté oublioit toutes les actions qu’ils avoient faites contre son autorité en cette guerre, les tenoit, eux et tous ceux qui les avoient assistés, pour ses bons sujets, rétractoit toutes les déclarations qui avoient été faites contre eux depuis le