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Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 21 bis.djvu/488

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damner en quelque manière que ce fût. On eut premièrement volonté de lui confronter Barbin, espérant en tirer quelque avantage ; car, lorsque la Reine à son partement fit instance au Roi et au sieur de Luynes qu’on le délivrât, ce dernier ne fit autre réponse sinon qu’il le falloit encore retenir pour le confronter avec la maréchale. Mais Modène l’ayant été visiter à la Bastille, et après force honnêtes paroles assuré qu’il ne le retenoit qu’à ce dessein, Barbin lui répondit là-dessus que, quelque mauvaise volonté que cette dame eût eue contre lui, et quelque mal qu’elle eût voulu lui faire, il se sentoit si fort son obligé, qu’il eût voulu par son sang la pouvoir racheter de la peine où elle étoit ; mais puisqu’ils étoient tous deux dans ce malheur qu’ils ne pouvoient éviter, il auroit un grand désir de se voir devant elle, pour lui demander quels témoins elle vouloit produire contre lui pour soutenir qu’il vouloit empoisonner la Reine, comme nous avons dit ci-dessus.

Cette réponse, qui témoignoit une affection sincère de Barbin vers elle, leur fit craindre que leur confrontation servît plutôt à faire paroître l’innocence de l’accusée, qu’à aggraver les crimes qu’on lui mettoit à sus ; de sorte que, sans en venir là, ils poursuivirent son procès : ce que Barbin sachant, avec beaucoup d’aigreur il dit à Modène, qui le venoit voir bien souvent pour essayer à découvrir toujours quelque chose de ses discours, qu’on avoit raison de ne le point confronter à elle, d’autant que, hormis les fantaisies qu’elle avoit eues contre lui, il ne pourroit jamais rendre qu’un témoignage fort honorable