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Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 21 bis.djvu/492

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elles auroient eu force indifféremment contre ceux qui les tirent et les reçoivent, contre ceux qui les rendent publiques ou secrètes, telles fautes ayant été communes en notre temps et sans aucun exemple de châtiment, puisqu’il y a prescription contre les lois les plus saintes lorsque l’usage ordinaire en autorise les contraventions, elle ne pouvoit être justement condamnée.

Pour les remèdes dont elle ne s’est voulu servir qu’après être sanctifiés de la main du prêtre, je soutiens que c’est plutôt une preuve de sa piété que de ses crimes.

Dieu ayant fait le monde pour l’usage de l’homme, il fait bien de chercher en la nature ce qui peut soulager la sienne ; mais le chrétien ayant appris que ce qui est consacré par la bénédiction est plus souverain que ce qui est formé par la nature, fait encore mieux de rechercher sa guérison dans les œuvres de la grâce.

Où est la loi qui commande aux sains de bénir les alimens, et défende aux malades de consacrer les médicamens ? On arme de ce signe les vaisseaux pour les rendre plus propres à combattre les ennemis et les orages ; on bénit les eaux pour en ôter le venin ; on fait des processions dans les campagnes pour les rendre plus fertiles ; et il ne sera point permis de fortifier la vertu des remèdes par des cérémonies si saintes ! À la vérité, qui béniroit les animaux pour les purifier tomberoit en l’erreur des manichéens, qui les estimoient immondes comme procédant d’un mauvais principe ; mais les sanctifier pour les rendre meilleurs, cela demeure dans les maximes de la théologie, qui nous apprend que la grâce accomplit la nature.