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Il avoit passion d’épouser mademoiselle de Vendôme, qui en eut connoissance par personne confidente du maréchal, et reçut ses vœux avec témoignage de singulière approbation.

Les anciens ministres lui étant en extrême dégoût, le chancelier, M. de Villeroy, et le commandeur de Sillery par-dessus tous, le président Jeannin lui eût agréé détaché des autres, mais il n’en put venir à bout, et en reçut de rudes rebuffades. Il eut peu ou nulle satisfaction du garde des sceaux du Vair ; il l’accusa d’ignorance et d’ingratitude en parlant à sa barbe.

Je lui gagnai le cœur, et il fit quelque estime de moi dès la première fois qu’il m’aboucha. Il dit à quelques-uns de ses familiers qu’il avoit un jeune homme en main, capable de faire leçon à tutti barboni. L’estime dura toujours, mais sa bienveillance diminua entièrement, premièrement parce qu’il me trouva avec des contradictions qu’il n’attendoit pas, secondement parce qu’il remarquoit que la confiance de la Reine penchoit toute de mon côté, troisièmement par les mauvais offices de Russelay, qui n’omettoit aucun artifice pour m’abattre et Barbin.

Il reconnut la distinction du passé dans l’esprit de la Reine, par deux propositions qu’il fit faire par Russelay, qu’il croyoit qu’elle refuseroit toutes deux, mais au contraire les approuva. La première, qu’il fût ambassadeur à vie auprès de Sa Sainteté ; la seconde, qu’il fit faire pour éluder la première, qu’on lui procurât auprès du Pape l’investiture de Ferrare, moyennant grande somme de deniers délivrée aux neveux.

L’acceptation de ces deux partis l’aigrit tout-à-fait