Aller au contenu

Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 21 bis.djvu/499

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

contre Sa Majesté, et lui fit projeter mon éloignement, et du garde des sceaux, Mangot et Barbin.

L’aigreur s’augmenta en ce même temps contre sa femme, qui, n’ayant plus le juif Montalto, mort quelque temps auparavant, pour modérer ses fantaisies, s’échappoit jusqu’aux injures, et leurs dernières visites eurent besoin de l’intervention de la Reine pour empêcher les dernières extrémités.

Ellevouloit s’en aller hors le royaume ; il n’en vouloit point partir, disant souvent qu’après avoir été ce qu’il étoit en France, il n’y avoit que la casa di domino meilleure, et où il pût vivre à son goût. Il ne fit quasi aucun bien à ses parens ni à ceux de sa nation, afin qu’on vît que tous ses sentimens naturels étoient étouffés par ceux qu’il avoit pour la France.

Le médecin juif avoit préoccupé son esprit, mais moins que celui de la Reine et de sa femme, qu’on les vouloit assassiner par la vue et empoisonner par des regards. Leur manie en vint à tel point, qu’ils ne regardoient que peu de gens, et vouloient encore être regardés de moins.

La passion du jeu étoit son seul divertissement les dernières années de sa vie, celle de l’amour n’y paroissoit point ; il étoit rompu par deux hernies, de telle façon que la vertu ne faisoit aucune partie de sa chasteté. Il étoit naturellement libéral, d’agréable conversation, recevant à manque d’affection en ses particuliers amis si le respect bornoit la familiarité ; ses domestiques ne le voyoient jamais que maître, et peut-être plus aigre qu’il ne convient pour en être aimé ; mais il a eu cette bonne fortune que ses gens l’ont toujours aimé avec grande fidélité.