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Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 21 bis.djvu/515

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Vitry désiroit, comme y ayant déjà un pied par la lieutenance qu’il y avoit, je crus qu’il étoit pour le service de la Reine que, cédant au temps, elle donnât contentement à Luynes. Vitry eut tant de ressentiment contre moi de ce qu’il sut que j’y avois contribué quelque chose, que non-seulement par après il ne fut plus mon ami, mais, comme si je lui avois fait une grande offense, il s’intéressa dans tous les moyens qui s’offrirent d’avancer ma ruine.

Tandis que j’étois à Coursay, il arriva que le père Arnoux ayant fait un sermon devant le Roi contre la confession de foi des huguenots, les quatre ministres de Charenton firent un écrit qu’ils adressèrent au Roi, par lequel, sous ombre de se défendre de ce que le père Arnoux avoit dit contre leur hérésie, ils parloient au Roi avec des paroles bien éloignées de ce qu’un prince catholique peut souffrir de ses sujets, et disoient beaucoup d’injures et faussetés contre l’Église de Dieu. La justice séculière en prit quelque connoissance, et le Roi, par arrêt de son conseil du 5 d’août, supprima cet écrit, et fit défense aux ministres de lui en adresser jamais aucun à l’avenir sans sa permission.

Mais, parce que je ne voyois pas que de la part de l’Église il fût apporté aucun remède au mal qui se glissoit dans les ames par la lecture de ce livre pernicieux, dont les huguenots faisoient leur coryphée, se vantant que les catholiques ne s’en pouvoient défendre, j’employai le loisir de ma solitude à y répondre, et le long temps qu’il y avoit que j’étois diverti de l’exercice de ma profession m’y fit travailler avec tant d’ardeur, que dans six se-