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Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 21 bis.djvu/516

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maines j’achevai cet ouvrage[1], dont, pour ne rien dire de moi-même, je laisse le jugement à ceux entre les mains desquels il est parvenu.

Plus cette action me donna de réputation, plus elle me chargea d’envie ; et, bien qu’il fût aisé à connoître par-là qu’aucuns desseins de la Reine n’occupoient point mon esprit, mes ennemis ne laissèrent pas néanmoins de le craindre, et ne me firent pas donner permission de la retourner trouver.

Ce qui étoit plus déplorable en la misère de la Reine, c’est que la plupart de ceux dont elle devoit recevoir plus d’assistance pour les grands biens, charges, dignités et honneurs qu’elle leur avoit départis pendant sa puissance, étoient ceux qui se portoient plus hardiment contre elle, de peur qu’on ne les privât de ce qu’ils tenoient de sa bonté : chose ordinaire aux ames basses, mais du tout indigne de bon courage.

On la prive de la jouissance d’une partie de son bien ; s’il vaque quelque bénéfice, il ne lui est pas permis d’en gratifier un de ses serviteurs ; si quelque capitainerie qui dépend de ses domaines est à donner, celui qu’elle aime le moins en est pourvu par les personnes qui la haïssent pour l’avoir offensée.

On fit davantage : on lui envoie le sieur de Roissy en ma place, introduisant près d’elle des personnes dont on se veut servir à sa ruine en la place de ses principaux ministres qu’on avoit chassés. Elle ne le veut souffrir, on l’établit contre son gré proche d’elle, pour épier toutes ses actions.

  1. J’achevai cet ouvrage : Ce livre est intitulé : La Défense des principaux points de notre créance contre la lettre des quatre ministres de Charenton.