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Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 21 bis.djvu/518

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écus qui étoit attachée à ladite charge, laquelle ils ne lui voulurent jamais accorder, et lui firent dire nettement par le président Jeannin, qui le pria de le venir trouver sur ce sujet, qu’il étoit trop serviteur de la Reine-mère : ledit baron lui répondit courageusement qu’il l’étoit et le seroit jusques à la mort, bien qu’il sût que l’être étoit être coupable de tous les crimes qu’on eût su s’imaginer.

On ôte Monsieur d’entre les mains de M. de Brèves, non pour autre considération que pour ce qu’il témoignoit affectionner la Reine, qui lui avoit conservé l’éducation de Monsieur, que le feu Roi lui avoit destinée. Le sieur du Vair, témoignant la volonté du Roi à M. de Brèves sur ce sujet, lui dit qu’on lui ôte ce dépôt de la personne de Monsieur, non pour aucun desservice qu’il eût rendu, le Roi étant très-content de ses actions, mais pour des raisons qu’il n’est pas obligé de dire.

Il est vrai que les rois ne sont pas toujours obligés de dire les causes des résolutions qu’ils prennent ; mais en ce temps on se servoit grandement de ce privilége, d’autant qu’ils avoient eu de mauvaises raisons de ce qui se faisoit, ou qu’ils n’en avoient point du tout.

La Reine apprend ce changement ; elle juge incontinent que sa considération faisoit éloigner de son fils celui que la prévoyance du feu Roi y avoit mis ; ellu en appréhende les conséquences, et en parle néanmoins avec tant de modération, que la réponse qu’elle fit au sieur de Brèves, qui lui en avoit donné l’avis pour s’acquitter de son devoir, ne tendoit qu’à lui faire connoître que le Roi l’avoit voulu soulager en