Aller au contenu

Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 21 bis.djvu/517

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Nul n’entre chez elle qu’il n’en veuille avoir connoissance ; nul ne lui parle qu’il ne s’enquière du sujet ; si elle a quelque domestique qu’elle affectionne peu, c’est celui qui a part en leur faveur ; ceux qu’on estime les plus capables de faire faux bond à leur conscience pour servir aux passions injustes sont ceux qu’on trouve les meilleurs. On ne veut près d’elle que des personnes qui en aient le cœur éloigné ; ceux qui retiennent dans leur éloignement l’affection que par naissance et par obligation ils doivent avoir à son service, sont criminels, en quelque lieu qu’ils soient. Le désir que beaucoup ont de profiter par quelque voie que ce puisse être, porte diverses personnes à donner des avis contre elle ; on reçoit tout, on fomente tout ; on en invente non-seulement pour la décrier, mais même pour la rendre criminelle ; on trouve mauvais que ses domestiques, obligés à sa bonté, satisfassent à ce à quoi leur honneur et leur conscience les obligent ; s’enquérir de ses nouvelles, ne point quitter une si bonne et grande princesse d’affection comme de lieu, est un crime qui ne mérite pas de pardon ; si un de ses serviteurs se vouloit défaire de quelque charge qu’il eût auprès de sa personne, ils ne le vouloient pas souffrir, si ce n’étoit entre les mains de quelqu’un qui fût à eux.

Le baron de Thémines eut volonté de se défaire de la charge de capitaine de ses gardes ; le baron du Tour, homme de cœur et de fidélité, étoit d’accord avec lui de la récompense : ils n’osèrent pas lui dire ouvertement qu’ils ne le vouloient pas, mais ils l’arrêtèrent sur l’incident d’une pension de deux mille