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Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 21 bis.djvu/541

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avis, que le Roi les avoit assez châtiés en faisant voir qu’il le pouvoit faire.

Quels conseils donnai-je à la Reine depuis que je fus hors de la cour, si ce n’est qu’elle ne devoit avoir aucun sentiment des choses passées, et que le maréchal et sa femme s’étoient attiré leurs malheurs et leurs peines par leur mauvaise conduite, bien que non par leur crime ; que tout ce qu’elle avoit à faire étoit de se gouverner si modérément que ses actions présentes justifiassent celles du passé, faisant paroître une si grande différence entre elle possédée par la maréchale d’Ancre, et non possédée, qu’on jugeât clairement que tout ce qu’on pourroit remarquer d’odieux au passé venoit de ses conseils ?

Mais tout cela n’empêcha pas que, par une haine qui est toujours aveugle, et partant à l’égard de laquelle toutes les raisons sont inutiles, et pour s’assurer dans l’anxiété de la crainte en laquelle ils vivoient, ils ne voulussent, à quelque prix que ce fût, me voir hors du royaume, au préjudice du service que j’étois obligé de rendre au peuple que Dieu m’avoit commis, comme ils m’empêchoient déjà de rendre au Roi celui auquel j’étois tenu.

Je passai toute l’année en cet exil, quoique, mon frère étant devenu veuf durant ce temps, je les suppliasse de lui permettre de faire un petit voyage en sa maison pour mettre ordre à ses affaires, et de me prescrire un lieu proche d’eux tel qu’ils voudroient, n’en exceptant aucun, où je pusse demeurer pour caution de ses actions et des miennes, me soumettant encore, outre cette assurance, à recevoir de la part de Sa Majesté telle personne qu’elle auroit agréable, pour