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Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 21 bis.djvu/542

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avoir égard à nos comportemens. Mais cela fut en vain.

En même temps qu’ils m’envoyèrent en Avignon, ils resserrèrent Barbin, et lui ôtèrent cette ombre de liberté qu’ils lui avoient donnée dans la Bastille, disant qu’il en abusoit, et qu’au lieu d’écrire des lettres de simples complimens à la Reine, il tramoit avec elle des menées préjudiciables au service du Roi. Dès le lendemain qu’ils l’eurent resserré, ils lui envoyèrent le sieur de Bailleul et un autre conseiller d’État pour l’interroger. Il refusa de répondre, pour ce qu’il croyoit que le sieur de Bailleul étoit encore maître des requêtes, et se défioit que les commissaires alloient bien vite en des procès criminels ; mais, lui ayant dit qu’ils étoient conseillers d’État, lesquels ne font le procès à personne, et qu’ils étoient seulement venus pour ouïr et faire écrire par le sieur d’Andilly, qui étoit commis pour cet effet, ce qu’il auroit à dire sur quelques lettres et mémoires qu’ils lui présenteroient, et que ce n’étoit qu’une affaire domestique dont le Roi vouloit avoir la connoissance, il consentit de répondre.

Lors ils lui représentèrent les copies des lettres qu’il avoit écrites à la Reine, et celles que la Reine lui avoit envoyées, et le vouloient rendre grandement criminel par ses lettres, les prenant en sens qu’ils vouloient, non au sens des paroles auquel elles étoient conçues ; et, entre autres choses, interprétoient ce que nous avons dit qu’il lui avoit mandé, que ce qu’elle savoit qu’avoit dit Déageant lui montroit qu’il étoit temps qu’elle agît, qu’ils vouloient entendre par là qu’il falloit qu’elle fit tuer Déageant, comme s’il n’y avoit point d’autres moyens que de