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ment vus de loin tels qu’ils sont en effet. Ainsi ils représentent au Roi important à sa vie, à sa gloire et au bien de son État, ce qui ne l’est qu’à leur fortune, et lui font passer leurs propres intérêts pour siens ; et d’abondant encore, craignant que tous leurs artifices ne fussent pas assez forts pour arrêter les vrais sentimens de la nature, et que la Reine, assurée du bon naturel du Roi, ne vînt à l’imprévu, ils envoyèrent des troupes à l’entour de Blois pour lui boucher le passage.

Davantage, on lui défendit de plus sortir de Blois. Les promenades lui sont désormais limitées, les conversations bornées à certaines personnes qu’ils tenoient tout à eux ; nul ne la peut voir, quoique son chemin soit au lieu de son séjour, sans permission expresse ; celui qui la demande se rend suspect de crime ; celui qui fait gloire de ne la voir pas, quoiqu’en passant, est estimé d’une fidélité éprouvée, digne de récompense.

On envoie diverses personnes vers elle pour lui détacher de l’esprit la pensée qu’elle avoit de voir le Roi, et ainsi l’en empêcher non-seulement par force, mais encore volontairement. Modène et le père Arnoux lui sont envoyés pour cet effet, tous deux séparément ; ils y travaillent puissamment à divers voyages qu’ils y font : comme l’un met en avant les considérations d’État pour l’en détourner, l’autre lui propose qu’elle ne le pouvoit entreprendre avec conscience, vu le mal qui en arriveroit au public. Entre autres raisons, on ne craignoit point de lui dire que si cela arrivoit la France étoit perdue, parce que son arrivée contraindroit de mettre M. le prince