Aller au contenu

Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 21 bis.djvu/563

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


LIVRE X.


[1619] La continuation des maux, qui non-seulement rompt les chaînes les plus fortes de la patience, mais donne du sentiment aux plus insensibles, força enfin la Reine, nonobstant la résolution qu’elle avoit prise de supprimer ses maux par la souffrance, à chercher les moyens les plus puissans de sortir hors de la servitude en laquelle elle étoit injustement détenue, après avoir tenté en vain tous les autres plus doux.

Elle ne vouloit pas croire, au commencement, toutes les menaces qui lui étoient faites de l’envoyer hors du royaume, ou l’enserrer dans un monastère, croyant que son éloignement étoit un assez fâcheux exil ; et le château de Blois, dans lequel elle étoit arrêtée non-seulement au milieu des gens de guerre qui étoient autour d’elle, mais de ceux qui se disoient être ses serviteurs et étoient ses ennemis, lui sembloit une prison assez étroite pour assouvir la mauvaise volonté de ceux qui la haïssoient. Mais enfin, considérant par l’expérience du passé que ceux qui lui en vouloient ne trouvoient aucune violence difficile pour se maintenir en l’état où ils s’étoient établis parla même voie, elle n’en fait plus de doute, et se résout de sortir de Blois, et de se délivrer de la misère en laquelle elle étoit, qu’elle eût volontiers supportée, selon que je lui ai ouï dire plusieurs fois, si elle n’en eût appréhendé une plus grande.

Chanteloube, qui étoit venu auprès d’elle quinze jours après que je fus parti de Blois, commença à travailler à cette fin. Tous les grands de la cour qui