Aller au contenu

Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 21 bis.djvu/566

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

en une telle occasion, ne voulut jamais lui rendre deux cent mille écus qu’elle lui gardoit pour s’en servir à temps.

Si les ducs de Bouillon et d’Epernon étoient en défiance de Russelay, la Reine l’étoit encore davantage : ce qui l’obligea à les faire avertir qu’ils n’eussent aucune créance en ce personnage. Sa Majesté en usa ainsi, non-seulement pour éviter le dégoût de ces seigneurs, mais en outre parce que le duc de Bellegarde, qui étoit à la cour, lui avoit écrit que cet homme se gouvernoit si imprudemment dans la cour, et se faisoit de fête si indiscrètement ès affaires de la Reine, que, s’il continuoit, il les perdroit tous ; ce qui donna lieu à Sa Majesté de faire dire au prince de Joinville, et à ceux à qui elle avoit confiance dans Paris, de n’en prendre aucune en cet esprit chaud et bouillant.

Nonobstant l’aversion que le duc d’Epernon avoit de cet esprit, et les avis qu’il avoit reçus de la Reine, il n’eut pas plutôt vu ce personnage dans Metz, où il l’alla trouver de son mouvement, que, passant d’une extrémité à l’autre, il s’ouvrit entièrement à lui du dessein qu’il avoit de servir la Reine au désir qu’elle avoit de sortir de Blois. Au bout de quelques jours il fit un voyage en secret à Sedan, avec aussi peu de commission que celle qu’il avoit quand il fut à Metz, où il gagna aussi, sinon la confiance du duc de Bouillon qu’il n’étoit pas aisé à avoir, au moins la souffrance qu’il s’entremît en toutes ces affaires, qui enfin, par d’autres négociations, et entre autres d’un nommé Vincence, secrétaire du feu maréchal d’Ancre, que la Reine envoya au duc