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Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 21 bis.djvu/567

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d’Epernon, réussirent au contentement de Sa Majesté.

Il arriva beaucoup de traverses en cette négociation. Ce Vincence allant trouver le duc d’Epernon, chargé d’une lettre qu’il avoit désirée, par laquelle la Reine le conjuroit, par la mémoire du feu Roi, de l’assister en sa sortie, lettre qui contenoit tous les motifs qu’on pouvoit prendre pour colorer son action, fut arrêté à Troyes, et étant reconnu, fouillé si exactement qu’on décousit tout son habit, hormis au lieu où il l’avoit cachée ; après n’avoir rien trouvé, la fermeté avec laquelle il soutint qu’il s’en alloit en Allemagne par les Grisons, fit qu’en lui donnant la liberté on lui donna lieu d’achever son voyage.

Il arriva ensuite que, lorsque le duc d’Epernon fut résolu à partir de Metz pour aller trouver la Reine, Russelay fut si impudent que de dépêcher un page qu’il avoit, au comte de Brenne qui étoit à Blois, pour lui donner avis, par une lettre, du jour du partement du duc d’Epernon, et assurer la Reine de la résolution qu’il avoit de la tirer du lieu où elle étoit. Ce page infidèle et traître, sachant bien qu’il portoit quelque chose d’important, fut expressément à Paris pour rendre la dépêche au duc de Luynes ; mais le sieur Ollier, conseiller de la cour, qui étoit serviteur de la Reine, étant averti de son arrivée, et lui ayant tiré les vers du nez, lui donna trois cents écus pour tirer sa dépêche, et le tint quelque temps à couvert chez lui.

Le duc de Bellegarde, sachant obscurément qu’il se faisoit quelque dessein pour la sortie de la Reine, et que le duc d’Epernon y étoit mêlé, écrivit une lettre de six feuilles à Sa Majesté, par laquelle, après avoir