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Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 21 bis.djvu/57

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jusque même à se fâcher contre elle, pour savoir les auteurs de quelques avis qu’on lui donnoit sans qu’elle voulût les découvrir.

En riant il ajouta qu’elle étoit désireuse d’honneur, magnifique et somptueuse en ses dépenses, et glorieuse par excès de courage, et que si elle ne prenoit garde à réprimer ses sentimens, elle seroit vindicative : ce qu’il disoit pour l’avoir vue plusieurs fois si piquée de la passion qu’il avoit pour quelques femmes, qu’il n’y a rien qu’elle n’eût fait pour s’en venger.

Il l’accuse en outre de paresse, ou pour le moins de fuir la peine, si elle n’est poussée à l’embrasser par passion.

Il lui fait la guerre d’être moins caressante que personne du monde, grandement défiante ; enfin il conclut ses défauts de prendre plutôt de ses oreilles et de sa langue que d’autres choses, en ce qu’il ne lui déplaisoit pas d’ouïr faire quelques contes aux dépens d’autrui, ni même d’en médire sans grand fondement.

L’autre fois qu’il étoit animé contre elle, il tourna son courage en gloire, et sa fermeté en opiniâtreté, et disoit souvent à ses confidens qu’il n’avoit jamais vu femme plus entière, et qui plus difficilement se relâchât de ses résolutions.

Un jour, ayant témoigné au Roi de la douleur de ce qu’il l’appeloit madame la Régente : « Vous avez raison, dit-il, de désirer que nos ans soient égaux ; car la fin de ma vie sera le commencement de vos peines : vous avez pleuré de ce que je fouettois votre fils avec un peu de sévérité, mais quelque jour vous pleurerez beaucoup plus du mal qu’il