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Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 21 bis.djvu/58

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aura, ou de celui que vous recevrez vous-même.

« Mes maîtresses souvent vous ont déplu, mais difficilement éviterez-vous d’être un jour maltraitée par celles qui posséderont son esprit.

« D’une chose vous puis-je assurer, qu’étant de l’humeur que je vous connois, et prévoyant celle dont il sera, vous entière, pour ne pas dire têtue, madame, et lui opiniâtre, vous aurez assurément maille à départir ensemble. »

Il lui tint ce langage ensuite de ce que M. le dauphin ne voulut jamais, quoi qu’il dît, sauter un petit ruisseau qui est dans le parc de Fontainebleau, ce qui le mit, à la vue de la cour, en telle colère, que si on ne l’eût empêché il vouloit le tremper dedans.

En un mot, dix ans se passent avec grande satisfaction pour cette princesse, les traverses qu’elle y rencontre étant si légères qu’il semble que Dieu les ait plutôt permises pour réveiller que pour travailler son esprit.

Ses véritables douleurs commencèrent en l’an 1610, auquel temps le Roi s’ouvrit à elle de la résolution qu’il avoit prise de réduire à son obéissance Milan, Montserrat, Gênes et Naples ; donner au duc de Savoie la plus grande partie du Milanais et du Montferrat, en échange du comté de Nice et de la Savoie ; ériger le Piémont et le Milanais en royaume ; faire appeler le duc de Savoie roi des Alpes ; et, à la séparation de la Savoie et du Piémont, faire une forteresse pour borner ces royaumes et se conserver l’entrée d’Italie.

Son intention étoit d’intéresser tous les princes d’Italie en ses conquêtes, la république de Venise par quelque augmentation contiguë à ses États, le grand-duc