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Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 21 bis.djvu/576

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entre les mains de Sa Majesté, et qu’elle recevroit tout le bon traitement qu’elle pourroit désirer.

Pendant ces allées et venues, un des Bouthillier, simple ecclésiastique pour lors, qui est depuis mort évêque d’Aire, homme de cœur et d’esprit tout ensemble, dont l’adresse et la fidélité étoient égales, et le père Joseph, capucin, qui avoient beaucoup de déplaisir de mon exil et grande passion au rétablissement de mes affaires dans le service de la Reine, parlant avec Déageant de tous les maux qui étoient arrivés, firent en sorte que tous, d’un commun accord, estimèrent qu’un des meilleurs moyens que le Roi pourroit pratiquer, ce seroit de m’envoyer vers Sa Majesté pour adoucir son esprit, et la retirer des violences où ils craignoient que celui de Russelay et quelques autres ne la portassent.

Cet avis étant goûté du sieur de Luynes et de Sa Majesté, le sieur du Tremblay me fut dépêché avec ordre de Sadite Majesté d’aller trouver la Reine, sur l’assurance qu’elle prenoit qu’en la servant fidèlement je ne voudrois pas lui donner aucun conseil contre le bien public et son service particulier.

Aussitôt que j’eus reçu la dépêche de Sa Majesté, bien que le temps fût extraordinairement mauvais, que les neiges fussent grandes et le froid extrême, je partis en poste d’Avignon, pour obéir à ce qui m’étoit prescrit et à ce à quoi j’étois porté par mon inclination et mon devoir. Mais ma diligence fut bientôt interrompue, en ce qu’étant auprès de Vienne je trouvai dans un petit bois trente gardes du sieur d’Alincour, conduits par son capitaine des gardes, qui viennent à moi les armes basses, et me dirent