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Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 21 bis.djvu/577

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avoir commandement de m’arrêter. Je priai ce capitaine de me faire voir le pouvoir qu’il en avoit, ce dont il se trouva dégarni. Il me répondit qu’il exécutoit les ordres du sieur d’Alincour, qui avoit ceux du Roi ; je lui dis que j’obéissois volontiers parce qu’ils avoient la force en main, et non par aucune connoissance que j’eusse qu’il eût juste pouvoir d’entreprendre ce que son maître lui avoit commandé.

Au même temps le sieur du Tremblay partit pour aller trouver le sieur d’Alincour, et lui justifier qu’il étoit venu par l’ordre de Sa Majesté pour me querir, voir ceux qu’il disoit avoir reçus de la cour pour m’arrêter, et voir ceux qui étoient les plus récens. Il se trouva en effet que le sieur d’Alincour n’en avoit aucun, mais que son fils lui avoit mandé, au premier instant que la nouvelle de la sortie de la Reine arriva à Paris, que le sieur de Luynes, étant auprès du Roi, lui avoit dit : « Si votre père pouvoit arrêter l’évêque de Luçon il nous feroit grand plaisir. » Et sur cette parole il avoit envoyé dans Avignon des espions pour savoir quand j’en partirois, et faire une entreprise qui n’étoit fort pas difficile, puisqu’il n’étoit question que d’arrêter un homme qui venoit seul en poste.

Aussitôt que ledit sieur d’Alincour eut vu les ordres du Roi que ledit sieur du Tremblay m’avoit apportés, il changea ses rigueurs en civilités, et fut bien fâché de s’être trop hâté en cette occasion, où sa passion avoit bien plus paru que son obéissance, puisqu’il n’avoit point d’ordre. Il m’envoya un carrosse qui me rencontra à trois lieues de Lyon, écrivant à son capitaine des gardes, qui fut bien honteux de la façon avec laquelle il m’avoit traité dans Vienne, faisant