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Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 21 bis.djvu/579

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discrétion qu’ils avoient tiré haut pour faire peur seulement. Je répliquai : « Et tant de coups d’épée que nous avons entendus, ont-ils été sans effet ? » Il me dit que, par la grâce de Dieu, il n’y avoit personne de blessé. Je confesse que l’état auquel j’étois alors ne me put empêcher de lui dire : « Je pensois, lorsque vous m’avez arrêté sans pouvoir, que vous fissiez votre charge avec ignorance, mais je reconnois maintenant qu’il y a bien autant de malice pour le moins. »

La nuit se passa, et le lendemain cet honnête homme fut bien étonné quand il vit que son maître s’étoit mécompté. Lors, au lieu de recevoir de moi des paroles qui lui pussent déplaire, je lui parlai avec toute la civilité qu’il me fut possible, et ne pensai qu’à me tirer de ses mains et de celles de son maître.

Le sieur d’Alincour me fit force excuses que je reçus en paiement, et aussitôt que j’eus dîné avec lui, je partis pour continuer mon voyage en poste comme j’avois commencé. J’allai jusqu’à Limoges avec toute liberté ; mais le sieur de Schomberg y arrivant le même jour que j’y passai, j’eusse été au hasard d’un pareil accident, si l’appréhension que j’en eus ne m’eût fait changer mon chemin : ce qui fut si à propos, que ledit sieur de Schomberg m’a dit plusieurs fois depuis qu’il m’avoit fait courre toute la nuit, pensant que je fusse M. de Toulouse.

J’arrivai le lendemain à Angoulême, le mercredi de la Semaine-Sainte. Comme je pensois être arrivé à bon port, c’est là où je trouvai plus de tempête ; le duc d’Epernon, Russelay, Chanteloube et plusieurs autres, peu unis, s’accordèrent tous en ce point de s’opposer