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Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 21 bis.djvu/580

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à moi. Je ne trouvai quasi personne en la maison qui m’osât regarder de bon œil, que madame de Guercheville.

D’abord je trouvai la Reine en conseil, où, bien qu’elle sût que je fusse en sa chambre, elle étoit tellement obsédée des esprits qui étoient lors auprès d’elle, qu’elle n’osa me faire entrer. Ces messieurs enfin avertirent la Reine de mon arrivée, qu’elle savoit mieux qu’eux, lui donnèrent avis que j’étois venu par l’ordre du Roi, sur des lettres du sieur de Luynes ; ce qu’elle n’ignoroit pas aussi, vu que le sieur Bouthillier étoit parti de Paris pour la venir trouver, au même temps que les ordres du Roi me furent envoyés par le sieur du Tremblay, pour lui rendre compte de tout ce qui s’étoit passé. Ils tâchèrent de découvrir en quel état j’étois en l’esprit de Sa Majesté, mais sans effet, sachant parfaitement dissimuler quand elle croit qu’il y va de son service.

La retenue avec laquelle elle agissoit sur mon sujet, leur faisant croire que je n’avois pas grande part en sa bienveillance, leur donna l’audace de lui dire qu’elle devoit se garder de moi ; ce qu’elle écouta sans les croire. Ils ajoutèrent qu’il seroit très-dangereux que j’entrasse dans son conseil présentement, parce que, s’il s’y faisoit quelque accommodement, ceux de la cour croiroient que j’en serois auteur.

À cette proposition Sa Majesté témoigna de la répugnance, jusqu’à ce que, m’ayant fait l’honneur de me dire tout ce qui s’étoit passé, je la suppliai de leur dire le lendemain qu’en me demandant la façon avec laquelle je désirois la servir, je lui avois témoigné que je n’avois autre volonté que les siennes ; mais