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Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 21 bis.djvu/61

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suites sont fort périlleuses et pour leurs personnes et pour leurs États.

Ainsi l’amour lui fermant les yeux lui avoit servi d’aiguillon en tout ce grand dessein. Il y a grande apparence qu’après qu’il eût terminé le différend de Juliers, et retiré des mains des étrangers madame la Princesse, elle lui eût servi de bride pour l’arrêter et le divertir du reste. Qui se laisse guider à un aveugle se fourvoie bien souvent de son chemin, et ne va jamais bien sûrement au lieu où il veut arriver.

La Reine, peu préparée à la perte d’une si douce et heureuse compagnie, se trouve surprise de cette nouvelle. Outre le regret qu’elle a de son éloignement, elle entre en appréhension du succès d’une si haute entreprise ; elle essaie de l’en divertir, lui remettant devant les yeux la jeunesse de son fils, le peu d’expérience qu’elle avait dans les affaires, et le nombre de ses années, qui le convioient à jouir paisiblement du fruit des victoires qu’il avoit si chèrement acquises ; mais en vain, y ayant peu de princes, et même d’hommes, qui défèrent assez à la raison pour ne se laisser pas emporter aux efforts de l’amour et de la gloire, les deux plus puissantes et pressantes passions dont l’esprit humain souffre quelquefois violence.

Il continue sa résolution, met sur pied une armée royale si puissante qu’elle étonne ses ennemis, met en admiration ses amis, tient toute l’Europe en crainte, et même l’Orient, où le Grand-Seigneur fait la paix avec le Persan, pour, en cas d’invasion, être prêt à se défendre et arrêter le cours de ses armes.

Je ne dois pas oublier à remarquer, en cette occasion, quelques particularités importantes connues de peu