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Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 21 bis.djvu/62

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de gens, mais que j’assure être véritables, pour les avoir apprises de la Reine et du président Jeannin, qui les savoient de la bouche du Roi.

Ce grand prince méditoit de notables changemens en l’administration de ses affaires, et ne savoit cependant comment les mettre en exécution.

Il étoit peu satisfait[1] de la personne du sieur de Sully, il pensoit à lui ôter le maniement de ses finances, et vouloit en commettre le soin à Arnaud. Il avoit dit plusieurs fois à la Reine qu’il ne pouvoit plus souffrir ses mauvaises humeurs, et que, s’il ne changeoit de conduite, il lui apprendroit à ses dépens combien la juste indignation d’un maître étoit à craindre. Son mécontentement étoit formé, sa résolution prise de le dépouiller de sa charge, mais le temps en étoit incertain. Le grand dessein qu’il avoit en tête lui faisoit penser que peut-être il n’étoit pas à propos de le commencer par un tel changement : d’autre part, les contradictions du duc de Sully, et le soupçon qu’il avoit, non de la fidélité de son cœur, mais de la netteté de ses mains, faisoient qu’il avoit peine à se résoudre de le supporter davantage.

S’il étoit mécontent de ce personnage, il n’étoit pas satisfait du chancelier de Sillery : bien qu’il eût de bonnes parties, qu’il eût beaucoup d’expérience, et qu’il ne manquât pas d’esprit et d’adresse aux affaires de la cour, il avoit ce malheur, qu’il n’étoit pas cru entier en sa charge, et qu’on le connoissoit peu capable d’une résolution où il eût été besoin d’autant de cœur que d’industrie.

  1. Il étoit peu satisfait : Ces assertions sont victorieusement réfutées dans les Œconomies royales.