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Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 21 bis.djvu/77

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Il ne céloit point à ceux à qui il estimoit pouvoir ouvrir son cœur avec franchise, que si Dieu appeloit le duc de Montmorency de ce monde (ce qu’il croyoit devoir arriver bientôt à cause du grand âge de ce duc), il supprimeroit pour jamais la première de ces charges dont il étoit possesseur, et que, parce qu’il croyoit que le duc d’Epernon[1] n’étoit pas pour mourir sitôt, et que, comme sa charge lui étoit odieuse, sa personne ne lui étoit pas fort agréable, sans attendre sa mort il ne perdroit aucune occasion de réduire cet office à tel point qu’il pût être supporté jusqu’à ce qu’on eût lieu de l’éteindre tout-à-fait.

Il désiroit, sur toutes choses, priver ledit duc de la possession en laquelle il s’étoit mis pendant la grande faveur qu’il avoit eue auprès de Henri iii, de pourvoir à toutes les charges de l’infanterie ; ce qui, à la vérité, étoit de très-dangereuse conséquence et du tout insupportable.

Après tant de sages et importans avis que la Reine reçut de lui en diverses occasions, afin que la dignité fût jointe à la suffisance il voulut la faire sacrer, en intention de la laisser en France comme une seconde Blanche pendant son voyage.

Jamais assemblée de noblesse ne fut si grande qu’en ce sacre ; jamais de princes mieux parés, jamais les dames et les princesses plus riches en pierreries ; les cardinaux et les évêques en troupe honorent l’assemblée, divers concerts remplissent les oreilles et les

  1. Jean-Louis de La Valette, duc d’Epemon. Il avoit épousé Gabrielle de Bourbon, fille légitimée de Henri iv et de la duchesse de Verneuil. Il eut trois fils : Henri, duc de Candale ; Bernard, duc de La Valette ; et Louis, archevêque de Toulouse, cardinal de La Valette, qui commanda les armées sous le ministère de Richelieu.