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Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 21 bis.djvu/80

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qui ne pouvoit subsister que par son soin. Ils ajoutent que les plaintes sont non-seulement inutiles, mais préjudiciables aux maux qui ont besoin de prompts remèdes.

Elle cède à ces considérations, et, bien qu’elle fût hors d’elle-même, elle s’y retrouve, et pour mettre ordre aux intérêts du Roi son fils, et pour faire une exacte perquisition des auteurs d’un si abominable crime que celui qui venoit d’être commis.

Chacun court au Louvre, en cette occasion, pour l’assurer de sa fidélité et de son service ; le duc de Sully, qui devoit plus à la mémoire du feu Roi, y rend le moins, et manque à son devoir en ce rencontre.

Son esprit fut saisi d’une telle appréhension à la première nouvelle de la mort de son maître, qu’au lieu d’aller trouver la Reine à l’heure même, il s’enferme dans son Arsenal, et se contenta d’y envoyer sa femme pour reconnoître comme il seroit reçu, et la supplier d’excuser un serviteur qui n’avoit pu souffrir la perte de son maître sans être outré de douleur et perdre quasi l’usage de la raison.

La connoissance du grand nombre de gens qu’il avoit mécontentés, le peu d’assurance qu’il avoit des ministres dont le feu Roi s’étoit servi dans ses conseils avec lui, et la défiance ouverte en laquelle il étoit de Conchine, qu’il estimoit avoir grand pouvoir auprès de la Reine, et qu’il croyoit avoir maltraité pendant sa puissance, lui firent faire cette faute.

Quelques-uns de ses amis n’oublièrent rien de ce qu’ils purent pour le conjurer de satisfaire à son devoir, passant par-dessus ces appréhensions et ces craintes ; mais, comme les esprits les plus audacieux