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Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 21 bis.djvu/85

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pas plutôt assemblées que le duc d’Epernon s’y présente, et leur témoigne comme le Roi avoit toujours eu intention de faire la Reine régente.

Les plus sages représentoient les maux qui pouvoient arriver si l’on apercevoit un seul moment d’interruption en l’autorité royale, et si l’on pouvoit croire que Dieu, nous privant du feu Roi, nous eût privés de la règle et discipline nécessaire à la subsistance de l’État.

Ils conclurent tous qu’il valoit mieux faire trop que trop peu en cette occasion, où il étoit dangereux d’avoir les bras croisés, et qu’ils ne sauroient être blâmés de déclarer la volonté du Roi, puisqu’elle étoit connue de tous ceux qui avoient l’honneur de l’approcher.

Sur ce fondement et autres semblables, ils passèrent en ce rencontre très-utilement les bornes de leur pouvoir ; ce qu’ils firent plutôt pour donner l’exemple[1] de reconnoître la Reine régente, que pour autorité qu’ils eussent d’y obliger le royaume, en vertu de leur arrêt qu’ils prononcèrent dès le soir même.

Le lendemain 15 de mai, la Reine vint en cet auguste sénat, où elle conduisit le Roi son fils, qui, séant en son lit de justice, par l’avis de tous les princes, ducs, pairs et officiers de la couronne, suivant les intentions du feu Roi son père, dont il fut assuré par ses ministres, commit et l’éducation de sa personne et l’administration de son État à la Reine sa mère, et approuva l’arrêt que le parlement avoit donné sur ce sujet le jour auparavant.

  1. Bono magis exemplo, quàm concesso jure. Tacit. I. i. Ann.