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mépriser sa vie pour le salut de l’État ; mais Dieu ne fait pas cette grâce à tout le monde. La chose étoit juste ; tout ce qu’il falloit faire avoit pour fondement la raison et la vérité, nul péril ne devoit détourner d’une si bonne fin ; et qui eût eu cœur et jugement tout ensemble, eût bien connu qu’il n’y avoit rien à craindre.

Mais ce vieillard aima mieux exposer l’État en péril que de manquer à ce qu’il estimoit pouvoir servir à la sûreté de sa personne ; pour avoir trop de soin de ses intérêts, il méprisa ceux de son maître et du public tout ensemble.

Le parlement n’en fit pas de même : au contraire, l’intérêt public lui fit passer par-dessus les bornes de son pouvoir pour assurer la régence à la Reine, bien que les parlemens ne se fussent jamais mêlés de pareilles affaires.

Pendant l’agitation et les difficultés qui se trouvoient aux premiers momens d’un si grand changement ; comme ceux qui se noient se prennent, durant le trouble où ils sont, à tout ce qu’ils estiment les pouvoir sauver, la Reine envoya sous main, par l’avis qui lui en fut donné, avertir le premier président de Harlay, homme de tête et de courage, et qui lui étoit affectionné, d’assembler promptement la cour, pour faire ce qu’ils pourroient en cette occasion pour assurer la régence.

Ce personnage, travaillé de ses gouttes, n’eut pas plutôt cet avis qu’il sortit du lit, et se fit porter aux Augustins, où lors on tenoit le parlement parce que l’on préparoit la grande salle du Palais pour y faire le festin de l’entrée de la Reine. Les chambres ne furent