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Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 44.djvu/435

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DU CARDINAL DE RETZ. [1649]

quand je fus dans la grand’salle je montai sur un banc de procureur, et ayant fait un signe de la main, tout le monde cria silence pour m’écouter. Je dis tout ce que je pus pour calmer la sédition. Du Boisle s’avançant alors, et me demandant avec audace si je lui répondois que l’on ne tiendroit pas la paix qui avoit été signée à Ruel, je lui répondis que j’en étois très-assuré, pourvu que l’on ne fît point d’émotion : mais que l’émotion continuant, on obligeroit les gens les mieux intentionnés pour le parti de chercher toutes les voies d’éviter de pareils inconvéniens. Je jouai en un quart-d’heure trente personnages différens : je menaçai, je commandai, je suppliai. Enfin, comme je crus me pouvoir assurer du moins de quelques instans, je revins dans la grand’chambre ; je mis devant moi M. le premier président, en l’embrassant : M. de Beaufort en usa de la même manière avec M. le président de Mesmes, et nous sortîmes ainsi avec le parlement en corps, les huissiers à la tête. Le peuple fit de grandes clameurs ; nous entendîmes même quelques voix qui crioient République ! Mais on n’attenta rien contre nous. M. de Bouillon courut plus de péril que personne, ayant été couché en joue par un misérable de la lie du peuple qui le prenoit pour Mazarin.

Le 14, on arrêta, après de grandes contestations, que l’on feroit le lendemain au matin lecture de ce même procès-verbal de la conférence de Ruel, et de ces mêmes articles dont on n’avoit pas voulu seulement entendre parler la veille.

    avocats et les plaideurs. Chaque chambre du parlement avoit sa buvette, et le Roi payoit la dépense qui s’y faisoit.