Aller au contenu

Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 44.djvu/56

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
54
notice

Il y avoit plus d’un an que duroit cette détention, lorsqu’on apprit la mort de Jean-François de Gondy, archevêque de Paris (21 mars 1654). À peine le ministère fut-il averti de cet événement, qu’il envoya Le Tellier aux chanoines de Notre-Dame, pour leur donner l’ordre de ne point reconnoître le cardinal de Retz pour archevêque. Mais les jansénistes avoient été plus alertes : ils s’étoient rendus au chapitre deux heures avant le commissaire du Roi, y avoient présenté de faux pouvoirs du coadjuteur ; et l’un d’eux avoit pris en son nom possession du siège. Alors la cour, craignant avec raison le crédit que cette nouvelle dignité alloit donner à l’ancien chef de la Fronde, résolut d’entrer en négociation avec lui pour obtenir sa démission. On lui offrit sa liberté et des bénéfices considérables ; mais on exigea que douze de ses amis se rendissent caution qu’il ne se rétracteroit pas avant que sa démission eût été agréée à Rome. Fatigué par une longue captivité, il auroit volontiers souscrit à cet arrangement, si ses confidens ne lui eussent fait sentir les conséquences irrémédiables d’une telle démarche. Il consentit donc à donner sa démission ; mais il refusa obstinément de livrer des otages, voulant se ménager le moyen de rétracter sans danger un engagement qu’il ne vouloit prendre que pour sortir de prison. Mazarin, pressé de terminer cette affaire, renonça aux otages qu’il avoit exigés ; mais au lieu de rendre à Retz sa liberté tout entière, il le fit transférer dans le château de Nantes, où il fut décidé qu’il resteroit sous la surveillance du maréchal de La Meilleraye, jusqu’à ce que le Pape eût accepté sa démission.