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Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 44.djvu/57

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La conduite de ce prélat, pendant les quinze mois qu’il fut détenu à Vincennes, ne répondit pas à l’idée qu’on s’étoit faite de son caractère. Il prétend, il est vrai, dans ses Mémoires, qu’il supporta cette longue captivité avec courage ; mais ses amis eurent souvent à gémir de sa foiblesse, et il fallut qu’ils employassent les exhortations les plus vives pour l’empêcher de tout sacrifier au désir de recouvrer sa liberté.

Sa position dans le château de Nantes fut beaucoup plus supportable. Il eut la permission de se promener, de voir ses amis ; et plusieurs dames s’empressèrent, soit par curiosité, soit par intérêt pour lui, de venir dissiper ses chagrins. Parmi elles il remarqua surtout mademoiselle de La Vergne, depuis si connue sous le nom de madame de La Fayette. Cette jeune personne lui fut amenée par une de ses parentes ; et d’abord frappé de sa beauté, qui étoit alors dans tout son éclat, il ne tarda pas à être enchanté de son esprit. Il lui témoigna des sentimens qu’il eut pendant quelque temps la fatuité de croire partagés ; mais il s’aperçut bientôt que mademoiselle de La Vergne avoit un autre caractère et d’autres principes que les femmes entre lesquelles il avoit autrefois partagé ses hommages.

Ces distractions ne l’empêchoient pas de concerter avec ses amis les moyens de recouvrer sa liberté. Le maréchal de La Meilleraye avoit pour lui beaucoup d’égards : il ne négligeoit rien pour adoucir sa captivité ; mais, fidèle aux devoirs qui lui étoient imposés, il le faisoit garder avec soin. Malgré cette surveillance, les amis du prélat imaginèrent un plan d’évasion dont le succès sembloit assuré ; et ils s’occupèrent ensuite