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Page:Pichot - Monsieur de l'Etincelle, ou Arles et Paris, t. I, Gosselin, 1837.djvu/192

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l’entendre quand il se trouve à dîner à la maison avec quelqu’un qui ne pense pas comme lui. Au moindre mot il entame une discussion où il a toujours l’art d’entraîner Maurice de son côté, ne disant jamais je, et toujours nous, un nous emphatique sur lequel il appuie en tournant vers Maurice un regard de complicité que celui-ci n’ose pas démentir devant le monde, quoique dans le tête-à-tête ils se chamaillent assez volontiers tous les deux. Maurice est persuadé du dévouement à toute épreuve de M. Mazade, et je crois qu’il aurait raison de compter sur lui dans l’occasion ; mais en attendant cette occasion qui ne vient jamais, c’est Maurice qui se laisse conduire et dominer par son ami et qui lui sacrifie ses opinions. N’est-ce pas extraordinaire qu’entre ces deux hommes, ce soit celui qui a la raison la plus sûre, l’instruction la plus solide, et même l’esprit le plus fin, qui cède à l’autre en protestant à peine. Je me suis imaginée quelquefois, qu’avec une femme comme quelques unes que nous connaissons, ce ne serait pas mon bon Maurice qui porterait