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Page:Pichot - Monsieur de l'Etincelle, ou Arles et Paris, t. II, Gosselin, 1837.djvu/128

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mour ; il lui eût fallu une rencontre plus fortuite, un peu plus de mystère, un bosquet, un ruisseau au champêtre murmure, un rossignol chantant, et voilà peut-être pourquoi il resta muet à la vue de la jeune personne qui vint embrasser madame Babandy, et à qui celle-ci dit : « Isabelle, tu peux aussi te laisser embrasser par ton cousin car c’est Paul que tu vois ; il est arrivé d’hier. » Non seulement il resta muet, mais encore, au lieu de profiter de la permission, il regardait immobile, et semblait attendre que sa cousine fit toutes les avances de ce premier baiser.

Cependant, il y avait un autre motif à son embarras. Le fait est que le pauvre Paul, à qui on avait annoncé une pensionnaire aux traits encore enfantins, et qui s’était imaginé avoir devant lui ses trois ans de stage pour la voir grandir et pour l’aimer, dut être tout surpris de l’apparition d’une grande et belle personne, plus grande que sa mère, avec presque tous ses traits, mais d’une beauté plus calme, plus sérieuse, et dont le sourire même annonçait la dignité native, peut-être aussi un peu de fierté.