Aller au contenu

Page:Pichot - Monsieur de l'Etincelle, ou Arles et Paris, t. II, Gosselin, 1837.djvu/129

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Une mère véritablement coquette aurait pu être jalouse d’une fille aussi belle ; madame Babandy, qui heureusement valait mieux que sa réputation, fut toute glorieuse et triomphante de l’effet que produisait Isabelle sur le pauvre Paul.

— Eh bien ! mon ami, lui dit-elle, faut-il que ce soit votre cousine qui vous embrasse la première ?

Réveillé de son extase, Paul osa alors s’avancer vers Isabelle, lui serrer la main, et plus hardi, effleurer son visage de ses lèvres. Mais si ce fut pour lui le premier baiser de l’amour, ce ne fut pour Isabelle que le premier baiser d’un cousin. La belle pensionnaire n’avait jamais lu de roman, elle n’était pas préoccupée, comme tant de jeunes personnes à dix-sept ans, d’une idée unique, celle de sortir du pensionnat pour se marier, ou de se marier pour sortir du pensionnat. Elle avait bien ouï parler de son cousin Paul comme d’un mari probable, mais il y avait en elle cet instinct d’indépendance ou de chaste orgueil, qui, s’il condamne parfois les héritières à mourir vieilles filles, les préserve