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Page:Pichot - Monsieur de l'Etincelle, ou Arles et Paris, t. II, Gosselin, 1837.djvu/176

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se roidir et s’enraciner plus profondément encore dans mon cœur. Plus on reprochait à la mémoire de ma mère son ambition de faire de moi une demoiselle, plus cette ambition devenait la mienne, plus je me disais que ma mère avait bien compris que je n’étais pas née pour être confondue avec une femme grossière comme celle que le fatal caprice de mon père ne pouvait m’empêcher de mépriser. Malgré elle je serai dame, me disais-je en moi-même ; je réaliserai les rêves de ma mère et les miens quand petite fille encore, en m’endormant sur le genou maternel, je ne prévoyais pas que, devenue orpheline, je passerais par les dures épreuves de mon héroïne favorite. Cette héroïne était la pauvre Cendrillon ; mais je m’identifiais surtout à Cendrillon chaussant les deux pantoufles de verre, passant sa robe brodée, et montant dans son beau carrosse pour se rendre à la fête où elle fit l’admiration de toute la cour.

Ces espérances présomptueuses non seulement me soutenaient contre l’avilissement et le désespoir, mais elles furent aussi d’un