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Page:Pichot - Monsieur de l'Etincelle, ou Arles et Paris, t. II, Gosselin, 1837.djvu/286

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— On ne trouve que dans les romans une suite d’aventures comparables à celles dont se compose le tissu de ma vie ; je ne suis cependant devenu un héros de roman que bien malgré moi, et lorsque toutes les illusions que j’avais puisées dans les livres, comme tous les jeunes gens, s’étaient évanouies au bout de quelques années d’expérience. Un héros de roman ! ce titre m’eût peut-être flatté à dix-huit ans ; mais je ne crois pas avoir jamais possédé le caractère qu’il faut pour soutenir un pareil personnage : j’eus de bonne heure au contraire la conscience de mon imagination toute contemplative. J’avais choisi, il est vrai, l’état militaire, mais c’était à une époque où il était difficile qu’un jeune homme en choisît un autre, et ce fut là d’ailleurs la première erreur qui m’apprit que, malgré toutes mes velléités de gloire héroïque, et mon enthousiasme pour tout ce qui est grand et beau, j’étais né pour une carrière indépendante et une vie de studieux loisirs. J’avais choisi l’état militaire, en un mot, par un caprice d’écolier étourdi qui se laisse séduire par la vue d’un bel uniforme ; je le