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Page:Pichot - Monsieur de l'Etincelle, ou Arles et Paris, t. II, Gosselin, 1837.djvu/432

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c’est justement pour cela que j’ai dû faire quelques réserves mentales concernant deux espèces d’épîtres : d’abord celles où mes correspondantes oublient un peu trop leur vertu, et ensuite celles où elles la mettent sur un roc inaccessible ; les premières, parce que je me suis annoncé à miss Livy pour un Français assez modeste ; les secondes, parce que je ne veux pas non plus que ma vanité soit tout-à-fait sacrifiée. Dans cette liasse, dont on ferait un volume supplémentaire aux romans épistolaires de Richardson, vous remarquerez une demi-douzaine de poulets, moitié allemands, moitié français, signés du nom d’une dame en zac. Vous m’avez assuré que vous en étiez resté pour votre compte au premier poulet de cette signature ! tant pis pour vous si vous avez fait le discret ; la dame en zac m’échut par droit de vainqueur. (Maudite soit ma victoire, mon cher Paul, malgré ses dépouilles opimes !) Si par hasard le vaincu avait eu part à ses bonnes grâces, je me serais trompé en vous croyant le seul de mes amis qui pût, sans me traiter de vrai serpent, se charger de la commission délicate que je vous donne. Pour justifier la dame en zac, j’ajouterai que ce ne fut pas sans peine que je la déterminai à me pardonner votre blessure, et qu’elle eût attendu votre convalescence pour vous indemniser si je ne lui avais prouvé, sans le savoir alors et par un petit mensonge qui se trouvait être une vérité, que vous étiez fiancé à une jeune personne trop aimable et trop belle pour vous donner le moindre prétexte d’une infidélité. Au reste, la dame en zac, pour que vous n’en ignoriez pas, n’est plus à Paris ; on m’écrit qu’elle est encore à prendre les eaux d’Aix en Savoie, d’où elle revenait quand nous la trouvâmes