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Page:Pichot - Monsieur de l'Etincelle, ou Arles et Paris, t. II, Gosselin, 1837.djvu/69

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Bohëmond n’a pas toutes les qualités physiques qui rendirent la princesse Anne Comnène amoureuse à la première vue de celui de nos ancêtres maternels dont il est l’homonyme, il a de quoi rendre amoureux par réflexion une princesse qui voudrait avant tout ne pas se mésallier[1].

— Eh bien, me demanda la fille de Therpsicore, allez-vous reculer aussi, ou serai-je madame la comtesse de Tancarville, avec l’espoir d’être un jour marquise ?

— Vous serez duchesse, si un jour je suis duc, m’écriai-je, car je ne veux pas d’autre

  1. L’ancêtre auquel faisait allusion le marquis de Tancarville était Marc Bohëmond, fils de Robert Guiscard, duc de la Fouillé et de Calabre. Dans la conférence qu’il eut à Byzance avec l’empereur Alexis, sa vue fit une impression si vive sur Anne Comnène, qu’elle a laissé de lui ce portrait remarquable :
    « Sa présence éblouissait autant les yeux que sa réputation étonnait l’esprit. Sa stature surpassait d’une coudée celle des hommes les plus grands. Sa taille était mince, sa poitrine large, ses bras nerveux. Il rappelait ces statues qui rassemblent en un même sujet des beautés que la nature réunit rarement. Ses cheveux étaient blonds et courts, son visage agréablement coloré ; ses yeux bleus paraissaient animés par la fierté et le désir de la vengeance. Si la hauteur de son corps et l’assurance de ses regards avaient quelque chose de farouche et de terrible, sa bonne mine avait aussi quelque chose de doux et de charmant. »