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Page:Pierre Corrard - Par les Femmes, 1902.pdf/319

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PAR LES FEMMES.

vail acharné et à une infatigable activité, à se faire un nom au barreau et dans la politique, il était loin d’avoir fait fortune. La richesse cependant lui avait souri ; mais d’un geste, à la vérité peu banal à notre époque, il l’avait dédaigneusement repoussée. Bien des fois de grosses causes lui avaient été présentées, susceptibles de lui rapporter beaucoup d’argent. Invariablement il avait décliné l’honneur de les défendre et s’était contenté de répondre : « Je n’ai pas le temps !… » Un avocat qui n’a pas le temps de plaider une importante affaire, c’est évidemment qu’il en a de plus importantes encore ! Et de fait, les mille affaires que plaidait Victor Maury, auxquelles il consacrait tout son labeur et tout son temps, étaient — pour lui du moins — d’une importance sans pareille. Elles n’avaient aucun retentissement et lui rapportaient de modestes honoraires, quelquefois même ne lui rapportaient rien du tout, si ce n’est la satisfaction d’avoir accompli une œuvre grande et salutaire entre toutes. Il s’était constitué l’avocat des pauvres : la plupart ne le payaient pas, comme bien on pense, et le peu d’argent que d’aucuns lui donnaient lui permettait de vivre, lui et sa famille.