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Page:Pierre Corrard - Par les Femmes, 1902.pdf/338

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PAR LES FEMMES.

Un soir, qu’après un magnifique festin, il était accoudé à la balustrade du perron, Jacques se prit à réfléchir sur le passé, ce qui lui arrivait rarement. Trop occupé à sonder l’avenir, l’ambitieux n’avait jamais le temps de regarder derrière lui. La nuit était belle ; le ciel était pailleté de millions d’étoiles et la lune, qui jetait silencieusement sur les marches de marbre de la vaste terrasse, le voile pâle de ses rayons blafards, provoquait la rêverie. Jacques revit ses vieux parents dans la vieille chaumière, tout là-bas, sur le bord de la route, près de l’étang solitaire où l’on entend, à l’heure du crépuscule, passer le sifflement des courlis plaintifs. À ce doux et mélancolique souvenir de son humble jeunesse, son cœur s’attendrit-il ? Une larme vint-elle en ce moment briller au coin de cet œil dont le regard étrange fascinait les femmes ? Éprouva-t-il une émotion quelconque, remords, regret, tristesse ?… Non. Seulement sa vanité s’enfla.

Il murmurait :

— Député de la droite, archi-millionnaire, candidat au Jockey-Club de France, ayant pour parrains le duc de Valcerte et le prince de Radigal ! Eh bien ! les vieux, qui dormez